3 questions à la Fédération des festivals de films LGBTQIA+

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Créée en août 2023, la Fédération Française des Festivals de Films LGBTQIA+ regroupe la plupart des festivals. Qu'est-ce que cela peut changer pour le cinéma queer et pour sa visibilité ? Benoit Arnulf, son président, nous en dit plus.

Lors de l'assemblée générale constitutive de la Fédération en août 2023
Lors de l'assemblée générale constitutive de la Fédération en août 2023 - DR

Lancée en août 2023, officiellement créée en novembre, la Fédération Française des Festivals de Films LGBTQIA+ regroupe la plupart des festivals. Qu’est-ce que cela peut changer pour le cinéma queer et pour sa visibilité ? Benoit Arnulf, président, nous en dit plus.

Komitid : Quest-ce qui a motivé la création de cette Fédération française des festivals de films LGBTQIA+ ?

Benoit Arnulf : Depuis une dizaine d’années, les festivals LGBTQIA+ se sont multipliés un peu partout en France, en suivant le modèle des plus anciens d’entre nous, à Tours, Paris ou Bordeaux. Cette émulation a logiquement créé des rapprochements entre certaines manifestations, selon les affinités et les proximités géographiques. Il est devenu rapidement évident que nous pouvions créer un réseau national plus large suivant les mêmes envies : apprendre à se connaître et à travailler ensemble. Après deux années d’échanges fructueux à l’initiative des équipes du festival Désir…Désirs de Tours, la Fédération Française des Festivals de Films LGBTQIA+ a été officiellement créée lors de sa troisième rencontre à Grenoble le 27 août 2023 dernier.

Cette fédération regroupe à l’heure actuelle douze structures, organisatrices de quatorze festivals de films LGBTQIA+ : Chéries-Chéris et Cinéffable à Paris, Ciné Friendly à Rouen, Cinémarges à Bordeaux, Désir…Désirs à Tours, Écrans Mixtes à Lyon, Et alors ? ! à Perpignan, Focales dans les Landes, In&Out à Nice et à Cannes, Liberté + In&Out à Toulon, Rainbow Screen à Montpellier, Vues d’en Face à Grenoble et Ze Festival dans la Région Sud. Nous sommes très fièr·es de notre représentativité, mais nous espérons élargir encore nos rangs en accueillant d’autres festivals déjà implantés ou en cours de création.

« Nous n’avons de cesse de soutenir et de mettre en avant la richesse et la diversité des œuvres cinématographiques qui abordent les thématiques LGBTQIA+ »

Quest-ce que cette Fédération va changer pour les festivals ?

Son premier objectif est d’affirmer le caractère artistique des Festivals de films LGBTQIA+ qui la composent. Nous n’avons de cesse de soutenir et de mettre en avant la richesse et la diversité des œuvres cinématographiques qui abordent les thématiques LGBTQIA+. Or nous sommes trop souvent cantonnés dans le champ de la lutte contre les LGBTphobies. C’est essentiel, mais nous voulons défendre notre dimension culturelle. Cette reconnaissance doit permettre une considération plus juste du travail mené par nos membres et ouvrir des portes closes jusqu’à présent. La Fédération a commencé à défendre cette idée auprès des institutions nationales, notamment le Ministère de la Culture et le CNC, ce qui devrait permettre de créer un nouveau regard et d’ouvrir de nouvelles opportunités de soutien, indispensables à notre développement. 

La Fédération travaille aussi à créer des espaces facilitant la collaboration entre ses membres, la mutualisation des moyens – notamment dans le domaine du sous-titrage des films étrangers – ou l’acquisition de nouvelles compétences. Nous souhaitons aussi mettre en place des actions de communication communes pour augmenter l’impact de nos actions et accroître ainsi la visibilité des Festivals de fims LGBTQI+ notamment en région. Enfin nous souhaitons aussi encourager une coopération plus étroite avec d’autres festivals francophones abordant les mêmes thématiques en Europe ou partout ailleurs.

Quelles actions concrètes allez-vous mettre en place dans les prochains mois ?

Nous avons beaucoup de travail devant nous en commençant par nous faire connaître au plus grand nombre, inciter les festivals qui ne sont pas encore membres à nous rejoindre et surtout aider les initiatives nouvelles à émerger dans les meilleures conditions. Plusieurs sont actuellement en cours de création et nous essayons de jouer le rôle de gentilles fées posées sur leur berceau. La « fée des lilas » plutôt. De même une action spécifique auprès des distributeur.trices français·es devrait faciliter la circulation des films partout sur le territoire pour assurer à nos publics les mêmes chances de voir les meilleurs films LGBTQIA+. Nous préparons enfin nos prochaines rencontres estivales dans les Landes. Mais cela nous paraît être dans une éternité tant la tâche est grande avant cela.