Le site des Pride en France

Vive polémique autour de l’affiche parisienne, la région IDF retire sa subvention

 

Encore une fois, l’affiche de la Pride parisienne prévue le 28 juin suscite de vives protestations. Une polémique a fait rage au cours du week-end de la Pentecôte sur les réseaux sociaux car certains éléments graphiques ont fait vivement réagir. Le vert-blanc-rouge du tote-bag, en bas à droite, par exemple, a été interprété comme « un message pro-palestinien explicite » par beaucoup, notamment par les membres de l’association FLAG! Intérieur-Justice, qui s’est fendue d’un communiqué de protestation .

Dans un autre message, la Fédération Sportive LGBT+ a indiqué désapprouver l’affiche « qui ne reflète ni l’esprit de rassemblement, ni les valeurs » qu’elle porte. « Le visuel, par sa radicalité, risque de brouiller le message essentiel de cette marche : la défense de nos droits et la visibilité de nos combats ».

GayLib, qui regroupe les LGBTI libéraux et humanistes, a considéré l’affiche comme « saturée de références politiques assumées, clairement en lien avec les positions et les symboles portés par La France Insoumise (LFI) et ses alliés ».

Les politiques s’en sont mêlés. Sur X, Julien Odoul, député du Rassemblement National  a déclaré : « Homme blanc étranglé, femme voilée, soutien au Hamas… Cette marche des fiertés et la déambulation de la honte et de la haine de tout ce qui n’est pas l’extrême gauche ».

Sur X encore, Valérie Pécresse, présidente LR de la région Ile-de-France, qui contribue à la marche en aidant au financement de la sécurité, refuse d’être associée à « cette affiche qui incite à la violence avec son cadavre renversé ». Interpellée par une twittos, elle a annoncé quelques instants plus tard que « la subvention ne sera pas versée ».

Au nom de la municipalité parisienne, Jean Luc Roméro-Michel adjoint à la maire, a expliqué que si « Paris ne cautionne pas cette affiche », la ville reste aux côtés des associations organisatrices au moment où les attaques LGBTQIAphobes explosent partout. « Paris ne se trompe pas de combat et se veut plus que jamais une ville-refuge ».

A gauche, écologistes, communistes, et membres de LFI sont venus plus franchement au secours de l’Inter-LGBT et ont pris fait et cause pour l’affiche de la discorde. La sénatrice EELV Anne Souyris a twitté : « les pressions et les menaces de la droite et de l’extrême droite sur la marche ne feront jamais taire ceux et celles qui se battent pour l’égalité et les libertés ».

Le sénateur PC Ian Brossat a vilipendé Mme Pécresse « qui retire sa subvention à l’Inter LGBT mais maintient ses subventions facultatives à Stanislas (NDLR le lycée Stanislas) dont les dérives anti-républicaines sont innombrables ».

La présidente d’Ile-de-France est aussi la cible du groupe LFI et apparentés au Conseil Régional. Rappelant qu’elle avait été dans le passé en tête de la manif contre le mariage pour tous, elle marche désormais « sur les pas de Viktor Orbàn, Valérie Pécresse cède et menace la tenue de la Pride ».

Après deux jours de remous, l’équipe de l’Inter-LGBT a répondu point par point à ses détracteurs dans une lettre aux organisations inscrites à la Marche des Fiertés de Paris – IDF dans laquelle elle explique :

  • le tote-bag représente une combinaison des drapeaux hongrois et bulgare, et non le drapeau palestinien
  • le bandeau de la femme âgée porte le pictogramme de la langue des signes, façon de « visibiliser les handicaps au sein de la communauté LGBTQI+ »
  • le personnage du premier plan n’est ni un cadavre, ni un pendu, il représente « l’internationale réactionnaire qui nous tue en coupant les financements à la recherche, aux traitements du VIH-sida, qui traque, violente, enferme, interdit la représentation des personnes LGBTI+ dans certains pays »

« Cette affiche n’est ni un appel à la violence, ni un appel à la haine, mais la simple illustration de notre combat contre l’internationale réactionnaire » réaffirment les militants qui resteront droits dans leurs bottes et ne changeront pas de visuel.

Cette atmosphère d’hostilité et la suppression de la subvention remettent en question la tenue de la marche et le podium qui accueille traditionnellement les manifestants à l’arrivée. Une cagnotte a été ouverte sur helloasso.com pour collecter auprès du grand public la somme manquante.

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